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L'ENTREE DANS L'UNION DOUANIERE ENCOURAGERA - T - ELLE LA DEMOCRATISATION ?

 

Ou i à l'en croire les dirigeants de l'actuelle coalition gouvernementale et les hommes d'affaires turcs. A vrai dire, à moins d'avoir une foi ferme dans l’économisme, de croire que le développement d’échange économiques conduit force ment à plus de démocratie, on ne voit pas de corrélation évidente. Passé le cap difficile du vote de l'accord d'union douanière que peut faire le Parlement européen pour influencer l'évolution politique en Turquie ? Voter des résolutions ? Depuis 1987, elle a voté d'excellentes sur le problème kurde, sur Chypre, sur la nécessité de la démocratisation en Turquie. Elles ont, dans le meilleur des cas, suscité une vague protestations d'Ankara et l'ire habituelle et passagère des médias turcs, sans avoir plus d'impact tangible que des résolutions similaires du Conseil de l'Europe dont la Turquie est membre de plein droit. Le dialogue turco-europen au sein du Conseil a souvent été un stérile exercice de monologues juxtaposés. Même la menace d'une suspension de la délégation turque n'a pas modifié d'un iota la politique turque. Et le Conseil de l'Europe a, dans l'affaire turque, beaucoup perdu de sa crédibilité et de son prestige.

Que peut faire de plus le Parlement européen une fois qu'il aura utilisé sa carte maîtresse de ratification ?

Bloquer éventuellement les protocoles financiers ? Mettre des conditions à l'aide économique ? Introduire des clauses suspensives dans l'accord d'union douanière?

Il serait en tout cas hasardeux de compter uniquement sur le bon vouloir des autorités civiles turques, prisonnières d'un système dominé et surveillé par une armée autoritaire. Espérer "éduquer les Turcs" par la grâce du dialogue et des échanges suscités par les mécanismes de l'union douanière relèverait plut6t d'une illusion paternaliste car les Turcs pensent précisément qu'ils auront à éduquer leurs futurs partenaires européens qui les comprennent mal !

En tout cas, la clé de voûte de la démocratisation en Turquie est le règlement problème kurde. Si ce problème trouve une solution satisfaisante ne remettant pas en cause l'intégrité territoriale du pays, la Turquie n'aura plus besoin de sa législation liberticide actuelle dont les victimes, à quelques rares exceptions prés, sont des Kurdes revendiquant leurs droits ou des Turcs prenant leur défense. Sans le spectre du séparatisme ce pays, qui arrive tout juste au 64éme rang dans le classement mondial du PNUD, ne se croira pas obligé de consacrer une part considérable de ses ressources à l'entretien de la deuxième armée de l'OTAN par ses effectifs (environ 800.000 soldats) et cette armée n aura plus d'alibi pour justifier sa mainmise sur ce pays. Sans le règlement du problème kurde, qui se trouve à la base de la plupart des conflits et difficultés de la Turquie, les efforts de démocratisation resteront limites, conjoncturels et sans lendemain.

Le Parlement européen, s'il veut vraiment favoriser la démocratisation de la Turquie, devrait se fixer cette priorité. De l'Espagne à la Belgique, nombre de pays de l'Union ont une expérience riche et précieuse du problème de la cohabitation des langues et cultures différentes. Le Parlement pourrait faire appel à cette expérience. Le Prix Sakharov décerné à Leyla Zana est un pas symbolique important dans la prise en compte du problème kurde en Turquie et de la recherche d'une solution pacifique. Absente de Bosnie et du Proche-Orient, l'Union européenne pourrait jouer un rôle de premier plan pour l'établissement de la paix et de la démocratie dans cette Turquie dont elle souhaite Si vivement l'ancrage à l'Ouest.