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F-al5.jpg (14623 octets) Des églises se délabrent:

Dans le nord de Chypre l'armée turque est omniprésente, aussi dans les environs du monastère de Panayia Melandryna. Des Colonnes et des chapiteaux en marbre rappellent une longue tradition protochrétienne de ce lieu sacré.

Les mosaïques de Lytlirangomi font exception ainsi que les oeuvres de deux autres églises chypriotes: Panayia Kyra de Livadhia et Panayia Angeloktistos de Kiti qui datent du sixième siècle Ont aussi survécu dans l’ensemble du monde orthodoxe, les mosaïques dans le monastère de Sainte Catherine sur le mont de Sinaï, celles dans la basilique de l’Euphrasius à Porec dans la péninsule d'Istrie et celles dans deux églises de Salonique: la Rotonde de Saint George et l'église de Osios David. Cette réserve des monuments extrêmement rares de toute une époque montre la grande importance de ces trois oeuvres d'art chypriote (sur un total de sept oeuvres épargnées). Compte tenu que les vestiges modestes des mosaïques de l'abside de Livadhia dans le nord de Chypre sont aussi victimes du pillage des objets d'art, il n'existe aujourd'hui à Chypre que les oeuvres dans l'église de Panayia - Angeloktistos à Kiti dans le sud de l'île.

Chypre était dès le début de l'époque chrétienne au premier siècle, un Pont essentiel entre la Terre promise d'une part et Rome et Constantinople d'autre part. Pendant la première période du christianisme, l'évangéliste Marc, les apôtres Paul et André ainsi que Saint Barnabé et Lazare ressuscité par Jésus Christ, étaient actifs sur cette île qui reste jusqu'à nos jours un point stratégique dans l'est de la Méditerranée. Par ailleurs le proconsul roman Saulus a été converti au christianisme et désormais se nomma Paulus, ici à Paphos - Chypre. En raison de l'importance de l'histoire ecclésiastique l'île est riche en basiliques protochrétiennes avec des sols en mosaïques précieuses, qui laissent deviner la somptuosité de l'aménagement intérieur. De cette époque il n'existe plus de décor mural conservé dans les grandes églises épiscopales et dans les basiliques - toutes sont détruites -; il existe cependant dans les petites églises de village.

Une de ces églises de village est celle de Panayia Kanakaria. La composition de l'abside partiellement endommagée représente la Mère de Dieu trônant avec l'enfant Jésus dans une mandorle, une gloire ovale en forme d'amande, flanquée de part et d'autre de deux archanges Michel et Gabriel. La bordure de la voûte dans la nef centrale fut entièrement ornée de motifs géométriques et de motifs à fleurs. Parallèlement à la bordure se déroule un bandeau en mosaïque avec treize médaillons qui montrent les bustes des douze apôtres et au sommet la croix; au nord on voit Paul, André, Mathieu, Judas Thaddeus, Marc et Thomas, au sud on voit Pierre, Jean, Philippe, Luc, Jacques et Barthélemy. Cette scène dans son ensemble à été enlevée de la voûte de l'abside après 1974. Puisque l'église a été fermée par les "autorités", comme d'ailleurs toutes les autres Maisons de Dieu Orthodoxes ayant des oeuvres d'art byzantin afin de les protéger contre l'endommagement et le pillage, la "'République Turque de Chypre du Nord" (RTCN) et les autorités militaires turques portent toute la responsabilité de ce vol audacieux. Quoi qu'il en soit les représentants du "Department of Antiquities" au nord de Chypre ont constaté pendant une visite de routine en 1982, que les mosaïques avaient été enlevées de la voûte de l'abside.

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AUTORITES

Un élément mystérieux dans cette affaire est un permis d'exportation pour ces oeuvres d'art, délivré en 1978 par la RTCN. Celui-ci a été signé par Osman Orek, ministre de la défense du gouvernement de Makarios jusqu'en 1963 et depuis 1974 partenaire du "président" Rauf Denktash, qui n'est reconnu que par Ankara. Osman Orek a pourtant indiqué que ce document est un faux.

Peggy Goldberg dit que c'est en 1988 qu'elle entend pour la première fois parler de l'existence des mosaïques Au début de l'été, le marchand d'objets d'art hollandais Michel van Rijn (d'après lui il est descendant de Rembrandt du côté de son père et de Rubens du côté de sa mère) a arrangé le premier contact entre Peggy Goldberg et le marchand d'objets d'art turc Aydin Dikmen résident à Munich. On tombe d'accord sur l'affaire. D'après le contrat de vente, qui a servi de preuve devant la cour, Peggy Goldberg a acheté pour 1,2 millions de dollars seulement une petite part de la rapine, à savoir l'enfant Jésus, l'archange fragmentaire Gabriel et encore les médaillons des apôtres Mathieu et Jacques. La Mère de Dieu, les autres apôtres et les motifs décoratifs sont à ce jour manquants. On les a peut-être secrètement mis en vente ou ces oeuvres parent à l'ombre les coffres des collectionneurs particuliers.

La transmission de l'oeuvre d'art eut lieu le 7 juillet 1988 dans la zone en franchise à la douane de l'aéroport de Genève. En cette même année Mme Goldberg se met en relation avec Geza de Rabsburg de l'Rôtel des Ventes Rabsburg/Feldmann à Genève et prie l'archiduc de lui servir d’intermédiaire. Là dessus le descendant de la Maison des Rabsburg offre les mosaïques chypriotes au musée Getty à Malibu pour vingt millions de dollars. Marion True, directrice de la section des antiquités met l'affaire en branle. Elle reconnaît tout de suite que les oeuvres d'art offertes proviennent du nord de Chypre, de l'église de Lythrangomi, et fit savoir à Geza de Habsburg, que ces mosaïques étaient sans aucun doute un bien volé.

Peu de temps avant les débats judiciaires, en mai 1989, l'archiduc déclare pour sa défense avoir recommandé à Peggy Goldberg de trouver un mécène qui achèterait les oeuvres d'art chypriotes et qui les redonnerait au gouvernement de Chypre.

Ce n'est qu'après la deuxième tentative de Peggy Goldberg d'offrir le bien volé au musée Getty, que Marion True informe la République de Chypre et l'Eglise orthodoxe grecque de Chypre. Immédiatement l'Eglise et l'Etat de Chypre intentent une action commune contre Mme Goldberg; ils demandent la restitution des oeuvres d'art, ce qui fut accepter par la première sentence de la cour suprême d'Indianapolis, du 3 août 1989, ainsi que par le jugement rendu en cour d’appel. Les oeuvres d’art attendent maintenant en sécurité dans le coffre-fort d’une banque américaine leur retour à Chypre.

 


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