Frantfurter Allemeine Magazin

30 Mars 1990


Là où le ciel est est tombé entres les mais des brigands

de Klaus Gallas

 

Dans la partie occupée de Chypre des sites historiques de la culture ancienne de Chypre qui date de 9.000 ans ont été pillés systématiquement dépuis l'invasion turque de 1974.

(Page N° 1)

Changements de propriétaire: Les mosaïques dans la partie nord de Chypre aujourd'hui occupé par les Turcs ont survécu même à l'iconoclasme. Mais récemment on a vendu des précieux objets d'art volés des églises de Lythrangomi et de Livadhia.

F-al-1.jpg (18017 octets) Indianapolis, août 1939. Dans le litige qui oppose les demandeurs, la République de Chypre et l’église orthodoxe grecque de Chypre et la marchande d'objets d'art américaine Peggy Goldberg, le juge américain de la cour fédérale rends le jugement affirmant qu'avant de procéder à 1'achat, la défenderesse n'avait pas fait assez de recherches pour vérifier si la mosaïque protochrétienne à vendre était un objet volé, ou non.

Le chef-d'oeuvre de 1'art protochrétien est une mosaïque d'abside du sixième siècle qui vient de la partie nord de Chypre, occupée par les Turcs. Le juge a souligné que la marchande d'objets d'art aurait dû être méfiante. Il affirme, que Mme Goldberg avait acheté 1'oeuvre d'art sans scrupules et sans recherches suffisantes sur son origine et que celle-ci doit être rendue, sans compensation, à 1'Etat de la République de Chypre.

Toutes les confirmations de Peggy Goldberg, disant qu'elle avait consulté, par 1'intermédiaire de son avocat américain, les autorités douanières internationales des Etats Unis et de la RPA (l'achat s'est conclu à Munich) et même I' UNESCO, pour vérifier si cette mosaïque était déclarée volée, sont considérées par la Cour comme étant une garantie insuffisante pour cette acquisition. Le juge critique la marchande d'objets d'art l’avoir négligé de se renseigner directement auprès de la République de Chypre sur la véritable origine et le propriétaire légitime de l’objet. Elle aurait dû le faire d'autant plus que le permis d'exportation pour la mosaïque a été délivré par la "République turque de Chypre du Nord" qui n'est reconnue par aucun Etat. L'affirmation de Mme Goldberg d'avoir sérieusement mis au point s'il s'agit des mosaïques volées est difficile à croire. Il est surprenant qu'au cours de son enquête elle n'ait pas rencontré le volume "Chypre" dans la série "Collection de 1'UNESCO sur 1'art mondial" paru en 1963. Cette publication fait mention de I' église de Lythrangomi d'où les mosaïques ont été volées De plus il existe depuis 1977 une monographie au sujet des objets d'art volés: A.H.S. Megaw, "The Church of Panagia Kanakaria at Lythrangomi in Cyprtis its Mosaics and Frescoes".

F-al2.jpg (8741 octets) A ce propos il n'aurait pas dû être difficile pour Mme Goldberg, en tant que spécialiste du marché international des objets d'art d'identifier, à l’aide également d'autres sources, cette mosaïque comme étant un objet volé: avec d'autres oeuvres d'art disparues du nord de Chypre celle ci fut déclarée volée pendant la "Conférence du Conseil international des musées" tenue à Athènes du 29 au 3 octobre 1934, et publiée dans une petite brochure.

BARBARES

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La sentence de la Cour fédérale d'Indianapolis est sensationnelle: Elle ne s'occupe pas du voleur mais elle se prend au marchand, qui veut tirer un gros profit du butin. Cette sentence est un épouvantail qui vient fort à propos et qui est nécessaire pour l' ensemble du marché international d'objets d'art où de nombreuses oeuvres, héritées d'anciennes cultures et excavées illégalement, sont mises en vente. Cela montre aux médiateurs et aux marchands d'objets d'art les limites de sécurité et les bornes légales. Lorsqu'il n'y a plus de débouchés pour les objets volés il y aura une chance de mettre fin aux menées des chercheurs de trésors, des contrebandiers et des voleurs. Les monuments culturels comme les temples, les églises et les tombeaux ne seront plus ravagés et détruits par des fouilles illégales

Mais suivons 1'odyssée de la mosaïque de Chypre du Nord jusqu'aux Etats Unies. Rappelons nous de 1'importance de 1'oeuvre d'art. Rendons-nous compte que le pillage des oeuvres d'art dévoilé par la sentence d'Indianapolis, ne montre que la partie visible de 1' iceberg, et que depuis 1'invasion de 1974 les lieux historiques culturels de Chypre, dans la partie occupée par les Turcs, sont encore systématiquement saccagés. Les mosaïques mises en vente par Mme Goldberg pour vingt millions de dollars font partie d'une décoration de 1'abside de l' église du village de Lythrangomi situé au nord-ouest, dans la péninsule de Karpasia. Les mosaïques de 1'église Panayia Kanakaria font partie des oeuvres les plus importantes de 1'art protochrétien de l’Eglise Orientale. Celles ci sont les oeuvres les plus importantes des artistes protobyzantins que I' on peut comparer aux oeuvres magnifiques de Ravenna, le centre de l'art protochrétien de 1'ouest. Comme les chefs-d'oeuvre à San Vitale, Ravenna, elles datent du milieu du sixième siècle A l'est, Byzance, avec sa métropole Constantinople, n'a aujourd'hui que peu d'oeuvres d'art de l'époque protochrétienne. C'est uniquement en raison de l'histoire dramatique de Chypre, trois cents ans d'occupation arabe du milieu du septième siècle au milieu du dixième siècle que les oeuvres protochrétiennes de Chypre furent épargnées de l'iconoclasme qui sévissait dans tout l'empire. Tel un orage, la rage du vandalisme balaya tout l'Empire d'Orient de 726 à 730 et encore une fois de 315 à 343. Elle détruisit presque tout ce qui avait été créé dès le début de la chrétienté dans l'est.

 


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