Des Chypriotes tués pour avoir dit

non à l'occupation


Les faits

Au mois d’ août 1996, deux jeunes Chypriotes grecs non armés ont été froidement assassinés par des extrémistes turcs à Dhérynia, Chypre.

Le premier, Anastassios Isaak (24 ans), a été battu à mort, le 11 août, avec des coups de matraque et de barres de fer, dans la zone tampon, contrôlée par les Nations Unies, lors d’ une manifestation contre l’ occupation turque de Chypre, qui dure pendant 22 ans. Les auteurs du crime étaient des agents de la soi - disante « police » chypriote turque, des colons turcs et membres de l’organisation terroriste des « loups gris » emmenés à Chypre dans le but de provoquer des incidents en organisant une contre-manifestation.

Erdal Emanet, chef des "forces spéciales".

Le deuxième, Solomon Solomou (26 ans) appartenait à la famille du défunt. II avait pénétré avec d’ autres personnes dans la zone tampon, le 14 août, après les obsèques d’ Anastassios Isaak afin de déposer une gerbe à l’ endroit où celui-ci a été assassiné. On a tiré sur Solomou à bout portant au moment où il grimpait sur un mât de drapeau. Les autorités de la République de Chypre, après une enquête, ont pu identifier deux des assassins et trois de leurs complices.

Les assassins sont : Kenan Akin le soit disant « Ministre de l’agriculture, des forêts et des ressources naturelles », du régime illegal chypriote turc et Erdal Emanet, chef des « forces spéciales ».

Kenan Akin, l'assassin, Ministre de l'Agriculture, du pseudoétat chypriote turc.

Leurs complices qui, sur le plan juridique, en raison de leur rang ne peuvent pas être considérés comme des spectateurs innocents sont : le « chef de la police » du régime illégal chypriote. turc Attila Sav, l’ex commandant des forces d’ occupation, lieutenant général Hassan Koundakci et le commandant de la 28e division Mehmet ICarli.

Kenan Akin, Hassan Koundakci, Mehmet Karli et Erdal Emanet sont des Turcs de la Turquie et non des Chypriotes turcs. Les résultats de l’ autopsie pratiquée sur le corps de Solomou ont révélé qu’ il fut tué par cinq balles. Aussitôt après l’ assassinat de Solomou les soldats turcs ont commencé à tirer dans la foule blessant ainsi onze civils et deux soldats de l’ONU. Le leader chypriote turc M. Raouf Denktash lui-même était présent aux événements. II suivait de près et photographiait les derniers moments d’Anastassios Isaak. Des films vidéo montrent Denktash se tenant debout sur la terrasse du même bâtiment que l’ officier turc qui tira sur Solomou quatre jours plus tard.

Témoin aux incidents était le commandant de la force des Nations Unies (UNFICYP). Dans son rapport il condamne « l’usage fatalement injustifié de force de la part du personnel militaire turc et chypriote turc ».

 

Les événements

Le jeune chypriote grec, Anastasios Isaak, non armé, lynché par des soldats turcs en civil, par des colons, par des agents de la "police" du régime illégal chypriote turc et par des "loups gris".

Le 2 août 1996, un groupe de plus de cent motocyclistes de Chypre et d’ autres pays européens sont partis de la Porte de Brandenbourg à Berlin afin de participer à une manifestation pacifique à travers l’ Europe ayant pour but d’ attirer l’ attention du monde, sur l’occupation turque d’une partie du territoire de Chypre, sur la division artificielle de l’ île et sur la violation des droits de l’ homme et des libertés fondamentales du peuple de Chypre et en particulier sur le droit de circuler librement dans l’ ensemble du pays.

La manifestation a été organisée par la Fédération des motocyclistes de Chypre en collaboration avec la Fédération européenne des motocyclistes.

Tout de suite après l’annonce de la manifestation, la partie turque a commencé à préparer une « contre - manifestation » avec la participation de l’ organisation extrémiste turque des « loups gris ». Elle a aussi menacé de tirer sur les manifestants chypriotes grecs. Selon les rapports de la presse turque et chypriote turque et d’autres informations fiables, les préparatifs de la partie turque pour une réaction violente sous forme de contre-manifestation ont commencé aussitôt après l’annonce de la manifestation des motocyclistes. Le but était de donner l’impression que les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs ne peuvent pas vivre ensemble et par conséquent la présence des troupes

Après avoir demandé aux Turces de ne plus tirer, les casques bleus des Nations Unies s'approchent d'Issak qui est déjà mort.

turques d’occupation à Chypre était nécessaire :

  • On a fourni à la « police » du régime d’occupation des armes automatiques et des matraques électriques.
  • Plus de 2.500 extrémistes de la droite, appartenant à l’organisation terroriste des« loups gris » sont venus de la Turquie à Chypre et menaçaient les manifestants « d’une surprise » qu’ils leur réserveraient.
  • Les troupes turques d’occupation avaient reçu l’ordre de tirer sur les manifestants qui tenteraient de pénétrer dans la zone occupée. Un officier turc de rang supérieur a donné des ordres à ses troupes de « casser les reins » des Chypriotes grecs qui entreraient dans la zone occupée.
  • En même temps les forces turques ont déployé leurs unités d’ élite des chars blindés et des véhicules de transport de personnel et ont posé des mines tout le long de la ligne du cessez-le-feu.
  • Des colons illégaux de la Turquie ont été mobilisés pour des contre-manifestations.

Le manifestant non armé Solomos Solomou tué a bout portant par des provocateurs turcs qu'il grimpait le long d'une hampe

Solomou tombé mort au pied du mât

En route vers Chypre, les motocyclistes ont été rejoints par des centaines de motards européens. Ils étaient attendus au port de Limassol par un grand nombre de motocyclistes pour la dernière étape du parcours.

Le gouvernement de Chypre avait des informations fiables concernant les plans de la partie turque qui provoquerait des incidents et s’en servirait ainsi comme prétexte afin d’ avancer dans la zone de la République contrôlée par le gouvernement chypriote.

Le Président Cléridès lui-même a tout fait pour convaincre les organisateurs de ne pas procéder à l’étape finale de la manifestation. Ceux-ci ont été finalement persuadés de l’ annuler mais un certain nombre de motards a procédé à une marche pacifique vers la zone tampon.

La réaction de la partie turque a été brutale et violente et a eu comme résultat la mort d’Isaak. Quarante (40) autres manifestants ont été blessés.

Les Turcs, d’ une manière bien organisée, ont emmené en autocars des milliers de soi-disant contre-manifestants sur la ligne du cessez-le-feu. Parmi les personnes transportées étaient les « loups gris » équipés de barres de fer, de matraques et de leurs étendards. Ils ont attaqué brutalement les manifestants chypriotes grecs qui n’ étaient pas armés. Les images de ces attaques, d’ une cruauté sans précédent ont été transmises par tous les médias présents.

 

 

Condamnation internationale

 

The Irish Times (27 août 1996) écrit :

« Selon M. Peter Schmitz, conseiller politique du chef de la mission de l’ONU à Chypre il y a des indications claires prouvant que la contre-manifestation n’ était pas « spontanée » mais « préméditée » ; les gens armés ont été emmenés en autocars jusqu’à la ligne du cessez-le-feu via une zone militaire turque interdite aux civils, large de 3km, et parmi ces gens il y avait des membres du mouvement turc ultra - nationaliste « loups gris ». Le plan consistait à frapper le plus grand nombre possible des Chypriotes grecs. II n’y a pas eu de tentative de la part de la « police turque » de les arrêter ».

 

Le journal britannique « The Independent » du 16 août 1996 note :

« Le principal obstacle au progrès, a été pendant longtemps le manque de volonté turque de renverser la partition de facto à Chypre. Après les tueries, le Ministre des Affaires Etrangères et premier ministre suppléant, Mme Tansu Ciller, a effectué une visite éclair dans la partie occupée de Chypre. Après avoir rencontré M. Dentkash elle a déclaré : ‘on brisera les mains qui touchent au drapeau turc »

Le porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères des Etats Unis, M. Nicholas Burn a réagi immédiatement après les événements faisant une déclaration très appropriée : « la vie humaine est beaucoup plus importante que la protection d’un morceau de tissu ». II a ajouté que les responsables devraient répondre de leurs actes. M. Burns, ainsi que le représentant permanent des Etats Unis à l’ ONU, l’ ambassadrice Madeleine Albright, ont exprimé la position des Etats Unis : « tirer sur les civils non armés était injustifié indépendamment de la provocation.

La Parlement Européen : Résolution du 19/09/1996 - Résolution du 24/10/1996 (en Anglais)

 

Révélations de la presse chypriote turque.

La presse chypriote turque confirmant les informations concernant l’arrivée, dans la partie occupée de Chypre, des membres de l’organisation extrémiste terroriste turque des « loups gris » écrit :

 

Yeni Duzen (13.8.96) : sous le titre « Denktash loup gris » le journal écrit que ceux qui sont arrivés de la Turquie, se sont dirigés vers la résidence de Denktash criant des slogans fascistes et racistes tels que : « Denktash loup gris », « Les mains qui touchent les Turcs seront brisées,« Chypre est turque et demeurera turque ». Le journal écrit que les « loups gris » sont venus dans la partie occupée utilisant comme prétexte la manifestation des motocyclistes e’t ils ont provoqué des troubles et l’escalade des incidents. II ajoute également que Denktash les a remerciés de leur appui.

Ortam (13.8.96) note que Denktash s’ adressant aux « loups gris » a dit : « les Chypriotes grecs devraient réfléchir. Seulement une partie d’ eux (des loups gris) est venue de la Turquie. Que ferions si toute la Turquie vient ?

II faut noter que les « loups gris « ont été accusés d’ avoir assassiné, le 6 juillet, le journaliste chypriote turc Kutlu Adali, à cause de ses critiques contre le régime Denktash et contre la politique de la Turquie à Chypre.

Raouf Denktash recevant les représentants de l’ organisation terroriste des « loup gris » dans son bureau.

 

 

La position des Nations unies

Dans une déclaration du 14.8.1996 le Secrétaire général des Nations Unies a exprimé sa préoccupation pour l’ usage excessif de force qui a causé la mort de deux hommes et tant de blessés, y compris des casques-bleus. En plus, le représentant du Secrétaire général des Nations Unies à Chypre, M. Gustave Feissel a qualifié les incidents comme « totalement disproportionnés ». Dans une déclaration, il a parlé du meurtre de Solomou comme une « tragédie terrible » et il a ajouté : « Nous avons senti que le tir était complètement injustifié et inexcusable ». M. Feissel a dit que les Chypriotes grecs étaient certes entrés dans la zone tampon, l’ ONU avait le contrôle de la situation et il procédait à l’évacuation de la zone quand les « soldats turcs ont commencé à tirer subitement ». II a ajouté que l’ UNFICYP essayait d’ empêcher Solomou de se diriger vers la hampe quand les coups de fusil ont commencé « sans aucune raison ».

 

 

La position de la République de Chypre

Le gouvernement de la République de Chypre fait appel à tous les membres de la communauté internationale, individuellement et collectivement de condamner ces actes barbares contre le peuple de Chypre. Ces actes constituent une offense à la société civilisée. En plus il demande de nouveau leur soutien actif à la recherche d’une solution juste, viable et durable du problème de Chypre qui mettra fin à l’ occupation turque et rétablira les droits de l’ homme et les libertés fondamentales de tous les Chypriotes.

Les extrémistes turcs, qui ne représentent pas la communauté chypriote turque, ne doivent pas réussir à donner la fausse impression que les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs ne peuvent pas vivre pacifiquement ensemble. Ils ont vécu ainsi pendant des siècles et ils sont prêts et capables de se retrouver à nouveau.

Le séparation forcée des deux communautés est simplement la conséquence de l’ invasion turque. C’est leur intérêt commun de vivre de nouveau dans une Chypre réunifiée, membre de l’ Union Européenne et sur la base d’ une fédération bizonale et bicommunautaire.

 

Conclusion

Les événements de Dhérynia, ont prouvé que le statu quo est inacceptable et qu’il est urgent de trouver une solution basée sur les résolutions de l’ ONU sur Chypre grâce à laquelle l’ unité de l’île sera rétablie et la liberté de circulation et tous les droits fondamentaux de l’ homme seront sauvegardés. Depuis toujours le gouvernement de Chypre accepte les propositions des Nations Unies pour une île unifiée, sur la base d’ une fédération bizonale.

 


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