Les principaux objectifs turcs de la politique pour les colons sont les suivants:

1) Modifier la balance démographique de l’île entre les turcophones et les Chypriotes grecs afin de justifier les revendications de la partie turque qui sont disproportionnées à son pouvoir politique et à la surface qu’elle occupe à Chypre. Les Chypriotes turcs représentaient seulement 18,1% de la population de l’île (recensement de 1960), et la zone occupée par les Turcs représente 36,4% du territoire de l’île. Les exigences turques concernant cette grande partie du territoire et l’obtention des droits constitutionnels accordant aux Chypriotes turcs une part excessive du pouvoir et de la fonction publique (plus importante que la taille proportionnelle de la communauté chypriote turque) sont exorbitantes par rapport à la démographie.

Afin de masquer cela, le gouvernement turc vise à modifier la structure démographique en installant des Turcs du continent à Chypre, en leur donnant la "citoyenneté" et même en changeant leurs noms en vue de présenter un chiffre gonflé de la population chypriote turque. (Ortam 8.5.85 et Soz 19.585). Ainsi, les colons forment un instrument de la politique en relation avec la réussite de l’objectif principal turc qui est la consolidation de l’occupation et la réalisation de la partition de l’île, et plus tard l’occupation du reste de Chypre.

2) Maintenir dans la partie occupée de Chypre un corps de gens permettant de conserver l’équilibre du pouvoir politique et garantir que les dirigeants chypriotes turcs sont alignés à la politique du gouvernement turc. Actuellement, tous les partis politiques chypriotes turcs comptent dans leurs rangs une grande proportion de voix des colons.

3) Présenter un obstacle à la solution du problème de Chypre. Le gouvernement de Chypre insiste fermement que les colons doivent retourner en Turquie.

4) Fournir des réserves supplémentaires entraînées aux forces militaires turques à Chypre. L’âge moyen des colons est inférieur à celui de la population chypriote turque.

5) Modifier la balance de la population à long terme de façon à ce que les turcophones (Chypriotes turcs et colons) dépassent en nombre les Chypriotes grecs. (Puise, 1975).

Les Chypriotes turcs sont devenus des victimes le la colonisation dont le but est "d’égaliser la population" à Chypre, fait qui "définira le pourcentage du territoire dans la République Fédérale de Chypre" (Puise, 19.8.1975). Afin d’atteindre ce but, il a été nécessaire d’accroître encore davantage le nombre des colons et de ce fait la population chypriote turque est devenue une minorité vis-à-vis des colons.

Kutlu Adali, écrivant dans Yeniduzen le 1.12.94, critique Denktash pour la situation qui provoque la colère parmi les Chypriotes turcs car "il donne à ces gens le droit de devenir des partenaires dans tous les domaines à Chypre". Selon Adali l’affluence des colons continuera jusqu’ à ce que leur nombre atteigne les 600.000; "c’ est à dire jusqu’ à ce qu’il y soit égal à la population chypriote grecque".